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Naturellement attiré par la ville et sa banlieue, mon œil s’est volontiers tourné vers l’humain. Particulièrement consumé par la détresse des invisibles des rues, mon travail s’applique à retranscrire le monde des ombres sous le prisme du merveilleux.
« Ma vie est un rêve qui ne finit jamais… »
Ce sont les mots de Pierre, un SDF toulousain. Sa grâce semblait illuminer la rue, pourtant plongée dans l’obscurité. Le repaire, dans lequel il squattait depuis une éternité, trahissait son charisme si particulier. Une vie sans impératif, sans artifice, seulement guidé par ses instincts, et son ombre…
Les vivants se bousculent… Ce matin encore, la rue est le théâtre de ce ballet absurde. Leurs langages corporels semblent démontrer qu’une fois encore, leurs retards est inéluctable. Prisonniers de leur emploi du temps, et contraints d’appréhender la vie sous pression, les passants chavirent. Tous, ont l’illusion d’avoir une prise sur leur vie. Peu en profite vraiment. Les gisants, eux, ne simulent plus. Certains s’enchantent même de cette décadence. Ce monde qui s’agite, les renvoie à leurs désillusions. Ces hommes et ces femmes qui se tiennent hors du temps, ne sont-ils pas davantage en contact avec la réalité ? Ce sont ces interrogations qui, je crois, motivent mes excursions.
A travers la série « À l’ombre des vivants » je me suis attaché à suivre des individus qui errent, travaillent ou habitent à la périphérie de la vie… Au point de ne plus savoir moi-même si je suis vivant… Ou simplement une ombre.
David Siodos
C’est un monde flottant, en déséquilibre, animé, ou pour le moins agité, et, de là-même difficile à percevoir. Difficile autant à comprendre qu’à représenter. La photographie ici n’est pas appeler à figer, mais à transcrire et transmettre des impressions, des visions infimes, des immersions dans un univers. Noir, troué de stridences blanches, hanté de personnages bougés, parfois fantomatiques, d’animaux aussi, qui s’échappent. Un monde dans lequel le grain photographique devient la plus évidente des matérialités de l’univers. Marges qui vont mal et qui, en écho, impressionnent la pellicule sans pouvoir rendre compte effectivement de l’état du monde. Il ne s’agit pas de décrire mais de faire partager des sentiments, des sensations.
Christian Caujolle
148 pages
Offset print / 28 x 19 cm à l’italienne / Couverture souple sérigraphiée / Jaspage noir des tranches
Photographs : David Siodos
Interviews by David Siodos
Design : Studio Dirk
© 2023
3 en stock
Poids | 800 g |
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